Les jours avaient passé, inlassablement et ce soir, elle regardait son fils préparer ses affaires. Caleb. Grand garçon beau comme un diable avec ses yeux si clairs et ses cheveux si sombres. Un bref instant son esprit vagabonda. Il avait dû lui ressembler quand il était plus jeune. Idée chassée promptement, elle n'était plus en droit de rêver. Elle veille à ce qu'il n'oublie rien, lui tend le chargeur de son portable et lui offrant les dernières recommandations. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'elle le laissait partir dormir chez un ami. Lui aussi il grandissait, l'année prochaine, il serait à la fac, elle lui prendra sans doute une chambre étudiante.
Il part, elle reste devant la porte un moment, jusqu'à ce que la vision de son fils s'efface de ses yeux vampiriques. Le froid l'envahit à nouveau. Solitude. Elle ne dit rien. Cette manière de ne rien dire qui part au bout des souvenirs. Elle se sent d'ailleurs, d'un monde révolu. Lui aussi un jour il la laissera et elle devra l'accepter.
Elle rentre, se pose dans son salon avec un verre de sangs, observant l'amas de photos sous ses yeux. Un temps révolu. Elle et Bexie dans les Années folles. Elle et lui. Souvenir du jour où elle l'avait traîné chez un photographe... et puis celui ou elle s'était acheté son propre appareil qui n'avait plus rien à voir avec ceux d'aujourd'hui.
Elle boit, frémit d'appréhension, de froid. Celui de son cours. Il bat encore, c'est déjà cela, un jour cela ne sera plus le cas, un jour, elle sait qu'elle mourra, sans avoir pu dire qu'elle a vécu.
Ce fut le cas pourtant. Elle avait perdu son temps dans un désert doré de sécurité, et puis elle lavait trouvée. L'homme sauvage et méfiant qui s'était laissé apprivoiser au point de se laisser posséder par elle, et elle part lui. Elle s'était sentie vivante avec lui, trop sans doute pour que les dieux jaloux l’eussent rappelée à l'ordre.
Rire nerveux qui s'échappe de ses lèvres merveilles. Elle espérait quoi aujourd'hui ? Qu'il l'aime encore ? Non. Oui. Non. Et pourtant... Elle ferait mieux de monter se changer et c'est ce qu'elle fit, enfilant un déshabillé blanc, elle songeait à se pencher sur quelque dossier quand elle entendit du bruit en bas... Pas besoin d'armes, elle en était une Vivante. À pas feutrés, vitesse vampirique. Lui. Lui. Que faisait-il ici ? Elle se figea, interdite, nouant un kimono par-dessus sa tenue indécente.
