Encore un soir passé seul à errer dans les rues de la ville. Mais cette fois-ci, mon égarement n’était pas tout à fait dû au hasard. Quelques jours plus tôt au musée j’avais fait une rencontre qui m’avait précisément envoyé sur Mapple Street.
Ce jour-là mon patron m’avait exceptionnellement missionné pour travailler la journée. N’ayant pas vraiment le choix, j’acceptais. Assis à mon poste de surveillance, me laissant aller à l’ennui (et à l’endormissement prochain) j’aperçus du coin de l’œil une étrange femme.
Longs cheveux gris (et sales), gilet marron informe et bottes en caoutchouc elle ne semblait clairement pas de première jeunesse. Mais ce n’est pas cela qui m’interpella. Alors que je l’observais, je me rendis compte qu’elle parlait toute seule devant une fleur. Je pensais d’abord qu’elle était sénile (ce qui au vu de son apparence était crédible) et me contentai de l’observer d’un œil moqueur. Enfin une distraction.
Cela faisait maintenant une minute qu’elle était plantée là. Sacrée conversation pour quelqu’un qui parlait à une fleur. Je tendis l’oreille pour comprendre ce qu’elle marmonnait et entendu qu’elle parlait dans un langage inconnu, une sorte de latin. Bizarre. Décidément de plus en plus intrigué, je décidai d’aller lui parler.
« Tout va bien Madame ? »
Pas de réponse.
« TOUT VA BIEN MADAME ? »
Elle se tourna brusquement vers moi les yeux grands ouverts me faisant presque peur. Elle m’examina de haut en bas et se remit à marmonner en latin. Après quelques secondes elle me dit quelque chose qui allait tout bouleverser :
« C’est Geneviève Marivau que tu cherches pas vrai ? »
Je restais sans voix, complètement choqué et le cœur à cent à l’heure. Comment cette femme pouvait-elle connaitre le nom de mère ? . . . S’ensuivit une longue conversation ou elle m’expliqua tout (ou presque) sur le monde surnaturel qui existait au-dehors de ces murs.
Voilà pourquoi je me retrouvais ici à Mapple street cherchant des pistes. Évidemment le destin se mit encore une fois en travers de mon chemin. Marchant d’un pas décidé, je vis à quelques mètres de moi une jeune fille ensanglantée adossée à un mur. Je m’arrêtai devant elle essayant de garder mon sang-froid tant que possible devant sa mine pâlissante. Elle me sourit timidement. Malgré ses traces de sueurs et son teint quasiment cadavérique, son insolente beauté me troublait. Je ne laissai rien transparaitre pour autant.
Elle m’expliqua s’être blesser au travail. J’eut du mal à la croire mais fit semblant pour ne pas la brusquer. J’enlevai mon sweat et lui fit du mieux que je pus un bandage pour sa blessure. J’étais complètement impuissant devant la détérioration (trop) rapide de son état de santé.
C’est alors que j’eus une idée. Je la pris dans mes bras et l’emmenai au musée, priant pour que la femme aux fleurs y ait fait une entrée surprise . . .